De l’économie du partage au partage de l’économie

Sous l’impulsion de l’Internet, la collaboration et le partage gagnent des pans entiers de l’économie et nourrissent de nouveaux modèles d’entreprises. Certains de ces nouveaux acteurs sont devenus en quelques années de véritables multinationales. Airbnb, la plateforme communautaire de location et de réservation de logements entre particuliers fondée par les Américains Brian Chesky et Joe Gebbia, dépasse le réseau mondial des hôtels Hilton dès 2015, avec environ 425 000 nuitées et plus de 155 millions d’hôtes. À Wall Street, la capitalisation boursière de Airbnb dépasse les 20 milliards d’euros.

Loin de la logique solidaire des débuts, certains modèles d’économie collaborative organisent l’exploitation des personnes qui contribuent à l’activité commune. C’est le cas des plateformes, comme Uber (taxi) et Deliveroo (coursiers à vélo) qui dictent leurs conditions et leurs tarifs. Ces opérateurs captent ainsi à leur profit une bonne part de la valeur ajoutée créée par l’ensemble des indépendants à l’origine de l’offre commune.

Les réseaux sociaux constituent une autre forme particulière d’économie collaborative qui profite essentiellement aux créateurs. Ainsi la valeur de Facebook résulte du contenu que les utilisateurs partagent en ligne. C’est ce contenu et l’interaction des amis qui génère l’audience du réseau et donc la valeur ajoutée qu’en retire Facebook.
Sous ses diverses formes, l’économie du partage pèse aujourd’hui plus de 300 milliards d’euros au plan mondial. Elle génère déjà 15 % du PIB des États-Unis.

Elle ne cesse de se développer et gagne tous les domaines où les ressources sont sous utilisés comme, par exemple, dans l’automobile.
Blablacar, fondée en 2006 par Frédéric Mazella, qui est devenu la plus grande communauté de covoiturage au monde avec plus de 10 millions de conducteurs et de passagers qui partagent leurs trajets longue distance.

Les constructeurs automobiles ont suivi le mouvement. Daimler et BMW proposent ainsi un service d’autopartage intégral : SHARE NOW (anciennement Car2Go). Les véhicules peuvent être utilisés pour une courte durée sur la base d’une facturation à la minute. Ils sont disponibles dans des parkings dédiés ou bien encore ils peuvent être pris ou laissés n’importe où sur la voirie. Il n’est pas nécessaire de réserver, l’usager utilise une application pour localiser, en temps réel, la voiture la plus proche de lui. Il n’a même pas l’obligation de faire le plein ! SHARE NOW est disponible dans plusieurs grandes villes aux USA, en Chine, au Canada et en Europe.

La plateforme eBay, autre enseigne emblématique de l’économie du partage, créée en 1995 par Pierre Omidyar dépasse à présent les 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

De l'économie du partage au partage de l'économie

L’économie de partage s’étend aussi très rapidement aux services à la personne. En Australie, deux millions d’utilisateurs ont recours à l’application d’Airtaskers sur leur smartphone quand ils ont besoin d’aide pour bricoler, pour nettoyer un tapis, pour un travail de secrétariat, pour configurer un ordinateur, etc. Le Herald Sun, un journal de Melbourne, rapporte le cas d’un peintre auto-entrepreneur, Diz Jangra, récemment immigré en Australie qui gagne aujourd’hui plus de 150 000 euros par an grâce à Airtaskers en travaillant environ 40 heures par semaine.

Dans le secteur bancaire, le « Lending Club », une société basée à San Francisco, fondée par Renaud Laplanche, gère une plateforme en ligne qui permet d’obtenir un prêt ou d’acheter des titres valorisés par le remboursement des prêts. Depuis sa création en 2006, la plateforme affiche un total de prêts de l’ordre de 50 milliards de dollars. Dans les prochaines années, cette forme d’emprunt pourrait représenter le quart des prêts aux particuliers estime le Crédit suisse. Dans le même esprit, le financement participatif, avec des plateformes comme Kickstarter ou Ulule, est un autre exemple qui connaît une popularité croissante pour financer des missions humanitaires, des spectacles, des créations de startups, des lancements de nouveaux produits ou tout autre projet sans passer par les banques.

Dans l’immobilier, l’habitat du futur ne se contentera pas d’être écologiste et connecté, il pourra aussi être partagé. Dans le passé, plusieurs générations pouvaient vivre sous le même toit. La solidarité familiale s’exerçait vis-à-vis des aînés. Dans la mesure où la protection sociale n’était pas assurée par l’État, le contexte économique ne permettait pas de faire autrement. Aujourd’hui, dans de nombreux pays développés, l’État-providence et les maisons de retraite ont pris le relais mais pour combien de temps ? Déjà aux États-Unis où la protection sociale est mise à mal, près d’un américain sur cinq, vit à présent dans un logement multigénérationnel, soit trois fois plus qu’il y a cinquante ans.

Les kommounalkas, ces appartements communautaires dans lesquels les Soviétiques vivaient en partageant avec leurs voisins une cuisine ou des sanitaires, persistent encore dans certaines villes de Russie. Paradoxalement, cette vie en communauté imposée par la pénurie soviétique séduit à présent en Occident. Chez les jeunes et les étudiants les colocations n’ont jamais été si populaires et la pratique s’étend à d’autres générations, sous diverses formes. Certains s’y résignent pour des impératifs économiques car le prix des logements ne cesse de monter partout ; d’autres y voient la possibilité d’avoir une vie sociale plus riche ou tout simplement différente. La version moderne des kommounalkas ne se limite pas à la cuisine et aux équipements électroménagers, elle peut intégrer une chambre d’ami, un jardin partagé en toiture, un espace loisir multimédia, une salle de remise en forme, etc.

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